Librairie DUQUESNE
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Fils de Jean-Loup Perret et petit-fils du grand Jacques, Louis Perret est gestionnaire de l'œuvre de son grand-père et détenteur d'une riche documentation. Ce qu'il nous propose avec Jacques Perret, portrait d'un homme libre dépasse la simple biographie.
Tout au long de six passionnants chapitres, Louis Perret a voulu réagir contre les clichés faciles affublant encore son aïeul : anar de droite, nostalgique, folklorique, etc. Au contraire, Perret fut de son siècle. Un témoin engagé, marqué par le premier conflit mondial pendant lequel son père fut blessé et son frère Louis tué au combat. Une cicatrice qu’il traîna toute sa vie. Pas militariste mais jeune soldat, il participe à la guerre du Rif, dans les années 1920. En 1940, volontaire pour les corps francs, cité, médaillé, il est fait prisonnier et s’évade – lire Le Caporal épinglé – en 1944 baroude dans un maquis (nationaliste) de l'Ain. Pas résistancialiste, il témoigne pour son ancien confrère de Je Suis partout, Pierre-Antoine Cousteau. La période la plus dure l'attend quand, en 1961-62, il s'engage dans l'OAS, de même que son fils, qui sera arrêté et passera des années en prison. Lui-même étant condamné lourdement pour ses écrits polémiques visant De Gaulle qui osera lui enlever sa médaille militaire !
Jacques Perret tient dans une phrase prononcée lors de la seule fois où il fut invité à l'émission Apostrophes de Bernard Pivot : « Je suis pour le trône et l'autel. » Pour la monarchie mais légitimiste, il donne cependant à Aspects de la France des billets célèbres par leur style et leur cocasserie. Traditionaliste et ami de l'abbé de Nantes ainsi que collaborateur d'Itinéraires, la revue de Jean Madiran, il ne suivit pas Mgr Lefebvre au moment des sacres (1988). Louis Perret détaille avec textes, photos, dessins et peintures commentés, bien d'autres faces de Jacques Perret. L'aventurier (la Guyane), le marin (le matam), le reporter, le nouvelliste (hors de pair), l'essayiste, le romancier... Moins connus : le professeur (un échec) et le paysan (un essai de retour à la terre se solda par un autre échec). Et — révélation, parce que Jacques Perret était la discrétion même —,« l'époux, le père, le grand-père ».
A signaler en conclusion de riches annexes. Une biographie et une copieuse bibliographie avec ses oeuvres, classées par catégories, les journaux où il a collaboré, ce qui a été écrit sur lui.
Ce livre arrive à son heure. Certes, on ne peut pas dire que Perret soit oublié. Un colloque (dont les actes ne sont pas encore publiés) lui a même été consacré à la Sorbonne. Mais si les perretolâtres fidèles ne sont pas quantité négligeable, on doute qu'il soit aussi bien connu dans les nouvelles générations. Jacques Laurent disait : « Je me méfie de quelqu'un qui n'aime pas Jacques Perret. » Encore faut-il d'abord le faire découvrir et le lire. Le reste suivra.
Jean-Paul Angelelli, Rivarol, 10 avril 2009