Les biffins de Gonesse (1961)

"... En face de l'institution Dupanloup se trouvait le domicile de M. Oudard, lequel, ce matin-là, vu la température, traînait encore en slip quand on sonna  chez lui vers les 9 heures. Sa femme étant descendue en courses, il enfila sa robe de chambre et s'en fut ouvrir la porte. Le visiteur était un homme d'une soixantaine d'années, grosse tête ronde, couperose et oreilles rouges. Il tenait son béret à la main et, sous le bras, un objet serré dans une housse en satinette noire.

-- Je suis bien chez le colonel Oudard ?
-- C'est à quel sujet ?
-- Au sujet anciens combattants.
-- Vous savez qu'il y a permanence tous les mardis de 5 à 7 au café de l'Autobus ?
-- Je ne dis pas le contraire, mon colonel, mais c'est pour un cas urgent.
-- Entrez donc.
M. Oudard en effet consacrait une partie de ses loisirs de retraité à la cause des anciens combattants. Lui-même, à proprement parlé, n'était pas un ancien combattant mais son activité clandestine dans la banlieu nord avait été légalement assimilée à combat. Il n'était pas non plus colonel en retraite au sens plein des termes, mais colonel honoraire avec retraite de sous-lieutenant par l'effet d'une transaction sagement acceptée en 1945."
(c) Gallimard, Paris, 1961.

Parutions :

  • Edition originale, Gallimard, Paris, 1961
  • Collection Soleil, Gallimard, Paris, 1961
  • Folio n° 1058, Paris, 1978 (couverture de G. Beuville)
  • Editions du Rocher, Monaco, 1996 (préface de Jean Raspail)
Gravure sur bois de J. Perret
Le vilain temps
Actes du colloque de 2005 à la Sorbonne
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