Du tac au tac (2014)

Après le tome I qui couvrait les années 1948 à 1952, voici la suite de l’intégralité des chroniques écrites par Jacques Perret dans l’hebdomadaire Aspects de la France. Ce deuxième tome reprend les années 1953 à 1959 et, maître de son art, l’écrivain polémiste traite l’actualité avec une verve incomparable et toujours beaucoup d’humour. Les chroniques de cette période deviennent cependant plus incisives et plus graves, à mesure que se concrétise le processus qui conduit l’Afrique du Nord et l’Algérie en particulier, vers son indépendance.

 

« Cet hiver j’avais entrepris une étude assez poussée sur le nouveau paquet de gris, mais arrivé au quatrième ou cinquième article je me suis laissé distraire par d’autres actualités plus tapageuses. Non par goût, certes, mais par un sentiment vaniteux et naïf de mon rôle de folliculaire anachronique de choc. Telle est en effet ma conception du chroniqueur intempestif que si je ne donne pas mon coup d’épée hebdomadaire dans les eaux torrentueuses de l’histoire, je me sens fautif. »

 

Qui, en dehors de l’auteur, grand fumeur de pipe, pourrait chroniquer cinq papiers sur la transformation de l’emballage du paquet de gris ? Certes, avec quelques écarts vers de Gaulle, la monarchie et la nature morte, mais les lecteurs d’Aspects de la France de l’automne 1958 ont dû encadrer ces petits bijoux littéraires. Pour les autres, dont nous sommes, voici rassemblés ces billets qui couvrent les années 1953-1959. Tirés au cordeau, subtils, variés, toujours drôles et pénétrants, ils rivalisent avec les meilleures pages d’Alexandre Vialatte, la polémique en plus. F. V.

Valeurs actuelles, juin 2014

 

Un écrivain défenseur du trône et de l’autel, qui ne recule pas devant l’étiquette d’« archéo-régressiste » et se paie le luxe d’être condamné quatre fois pour offense au chef de l’État, vaut forcément le détour. De fait, ces chroniques que Jacques Perret, au meilleur de sa verve, donna à l’hebdomadaire royaliste Aspects de la France, sont un régal.

L’auteur du célèbre Caporal épinglé (1947), prix Interallié en 1951 pour Bande à part qui évoque ses souvenirs du maquis, y commente l’actualité avec beaucoup d’ironie et de drôlerie. Car, souvent, « c’est d’abord un fou rire qui devrait secouer toute la France, un grand tapage de cuisses claquées, une vaste rumeur de derrières tapés sur les trottoirs, en signe de bonne santé, d’équilibre et de raison claire ».

On y découvre aussi un polémiste redoutable qui, à une époque où il y fallait du courage, a toujours protesté contre « l’ignominie » des procès de l’Épuration. Une telle Justice, dans ces conditions, « il faudra bien que nous lui manquions de respect ».

Famille Chrétienne, juin 2014

 

On l'attendait impatiemment tout en s'en délectant par avance. Quoi donc ? Le tome II des "chroniques" de Jacques Perret (1901-1992) à l'hebdomadaire Aspects de la France. Le voici enfin. Il couvre les années 1953-1959 de la fin de l'Indochine française au début de la fin de l'Algérie française. Toutes les facettes du génie affable et fantaisiste de Perret s'y donnent à voir, à commencer par son impayable bonhomie. L'auteur du Caporal épinglé, transposé à l'écran par Jean Renoir, avait un tour d'esprit courtelinesque et l'humeur belliqueuse d'un mousquetaire du roi. Avec ses manières à la fois féodales et byzantines, il offrait un curieux mélange de rusticité et préciosité. Nul ne fut plus français que lui. Comme son héro préféré, Georges Cadoudal, le général chouan, il prenait systématiquement "le sens interdit de l'Histoire", à contre-courant du monde et des modes - ce qui rend sa prose indémodable. Il avait choisi son camp très tôt, celui des vaincus. On sait, depuis la Chanson de Roland et le défilé de Roncevaux, que c'est la meilleure façon de traverser les âges. Il y a d'ailleurs quelque chose de l'olifant de Roland dans les coups de corne et de trompette que Perret affectionnait de donner. Ses billets dessinent un ensemble aussi cohérent que les chroniques d'Alexandre Vialatte duquel il n'était éloigné que par un royalisme plus ombrageux et une syntaxe plus nerveuse. Pour le reste, tout deux sont pareillement inimitables. C'est le même art de l'à-propos, la même liberté. Une merveille.

Le spectacle du monde, François Bousquet, juin 2014

 

Gravure sur bois de J. Perret
Le vilain temps
Actes du colloque de 2005 à la Sorbonne
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© Ayants-droit de Jacques Perret