Bâtons dans les roues (1953)

"...Il m'arrive, en effet, de lire mes articles. Sans aucune sévérité, je m'empresse de le dire. Je me fatigue assez à les écrire, s'il fallait encore me tourmenter en les lisant, où serait le bénéfice, je vous le demande ? Ce que j'aime surtout à lire c'est un papier sans coquilles, chose assez rare. Vous livrez un texte gravé dans l'airain, fouillé, poncé, travaillé au quart de virgule et on tire à cent ou cent mille exemplaires un charabia, une absconserie, un crétinisme à vous sécher la gorge ou une platitude à vous rendre bigleux pour la vie, quand ce n'est pas un contre-sens à vous faire pendre par les tribunaux d'exception. Remarquez que vos lecteurs, les plus fidèles et les plus attentifs, ne s'apperçoivent jamais de rien, chose consolante au premier abord, mais vexante au second.
   "Vraiment ? disent-ils, des coquilles ? Je vous assure qu'il n'y paraît pas." Ils se figurent vous faire plaisir."
(c) Droits réservés.

Parution :

  • Gallimard, Paris, 1953
Gravure sur bois de J. Perret
Le vilain temps
Actes du colloque de 2005 à la Sorbonne
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